Covid : quelle insertion pour les jeunes diplômés en sortie de crise ?

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L’insertion des jeunes diplômés de la promotion 2020 commence à s’améliorer sans pour autant atteindre son niveau d’avant-crise. C'est ce que révèle le dernier baromètre Apec 2022* consacré aux jeunes diplômés de niveau Bac+5 et plus. Leur taux d’emploi s’élève à 82 % un an après l’obtention de leur diplôme, soit un taux proche du niveau d'avant crise (85 %). Tous les résultats de cette enquête d’insertion professionnelle.

Par Moréna Juille et Rachida Soussi

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La situation des jeunes diplômés s’améliore sans pour autant revenir à la période d’avant-crise sanitaire. En effet, si le volume d’offres d’emploi cadre n’a pas encore atteint celui d’avant Covid (-1% entre 2021 et 2019), une nette progression a été observée au cours du 4ème trimestre 2021. Niveau en hausse par rapport à la même période en 2019 (+24 %). En revanche, les postes ouverts aux jeunes diplômés ont connu une baisse par rapport à 2019 (-9,5 %), année record.

8 jeunes diplômés sur 10 en emploi un an après l'obtention du diplôme

7 jeunes diplômés sur 10 étaient en emploi six mois après l’obtention de leur diplôme, et plus de 8 sur 10, douze mois après. Des résultats encourageants qui tendent à se rapprocher de ceux observés avant la crise sanitaire. Et 9 jeunes diplômés sur 10 ont exercé un emploi au cours des 12 mois après l’obtention de leur diplôme (qu’ils soient toujours en poste ou non).

Leurs conditions d'emploi sont globalement meilleures qu'en 2020. L’accès à un emploi pérenne progresse ainsi. Près des deux tiers des jeunes diplômés de la promotion 2020 ont signé un CDI (contrat à durée indéterminé), soit +5 points par rapport à la promotion précédente plus fragilisée par la conjoncture liée à la crise du Covid-19. Par ailleurs, l’accès au statut de cadre reste stable malgré la crise : 55 % des Bac+5 et plus sondés occupent un poste cadre un an après l’obtention de leur diplôme. 

Autre bonne nouvelle : les jeunes diplômés ont globalement trouvé un emploi plus rapidement qu’en 2019 (+5 points). Cependant, le taux d’emploi à 12 mois varie selon les disciplines de formation. La filière lettres, langues et arts termine dernière du classement et possède le taux d’emploi le plus faible pour la promotion 2020 (63 %). À l’inverse, les sciences technologiques ont pratiquement retrouvé leur taux d’insertion d’avant-crise (89 %).

Côté rémunération, le salaire brut annuel médian des jeunes diplômés en poste s'établit à 30 000 euros pour la promotion 2020. Un salaire en baisse depuis deux promotions consécutives : 31 000 € pour la promotion 2019 et 32 000 € pour la promotion 2018.

L’alternance, la voie privilégiée pour s’insérer sur le marché du travail

Pour trouver leur premier emploi, les offres d'emploi demeurent le premier canal de recherche du premier emploi, avec 30 % des votes. Le stage et l'alternance arrivent ex-æquo en 2e place, avec 13 % des voix.

En forte croissance, la formation en alternance a ainsi attiré 4 jeunes sur 10 de la promotion 2020. Réel atout pour s’insérer sur le marché du travail, 89 % des jeunes diplômés ayant suivi un parcours en alternance sont en emploi 12 mois après l’obtention de leur diplôme, contre 78 % des non alternants en poste à la même période. L’alternance offre également la possibilité d’obtenir un emploi dès la fin de son contrat dans son entreprise d’accueil.

La qualité d’insertion est également favorisée pour les ex-alternants. Près de trois quarts d’entre eux ont bénéficié d’un CDI contre uniquement 6 sur 10 pour les non alternants. Ce statut leur permet également d’obtenir une meilleure rémunération (+22 %). 

Les secteurs qui recrutent des jeunes diplômés

Mais où sont-ils recherchés ? Les jeunes diplômés Bac+5 et plus en emploi travaillent majoritairement dans le secteur des services, l’industrie et le commerce. Dans le secteur des services, l’« Ingénierie-R&D, recherche », la « Santé, action sociale » et les « Activités juridiques, comptables » sont notamment les trois domaines les plus recruteurs de cadres débutants.

Par ailleurs, 34 % des jeunes diplômés Bac+5 en emploi travaillent au sein d’une PME (moins de 250 salariés) et 13 % au sein d’une TPE (moins de 10 salariés). Les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises rassemblent, quant à elles, respectivement 29 % et 24 % des embauches. Dans ces entreprises, 20 % des jeunes diplômés Bac+5 et plus occupent des fonctions études-R&D, 19 % exercent des fonctions « Gestion, finance, administration » et 18 % des fonctions Commercial-Marketing.

Une qualité d'insertion en demi-teinte pour les Bac+3/4

Concernant les jeunes diplômés Bac+3/4 sondés par l'Apec, le taux d’emploi à 12 mois s'établit à 71 % et gagne 10 points par rapport à celui de la promotion 2019, alors que celui à 6 mois reste stable à 70 %. Et 57 % des profils Bac+3 ou Bac+4 en poste sont titulaires d’un CDI. Une part en légère hausse par rapport à l'enquête précédente (+3 points), mais qui n'atteint malheureusement pas les niveaux d'avant-crise (63 % en 2020 pour la promotion 2018).

De même, leur rémunération ne progresse pas durant la crise sanitaire, avec une médiane de 22 000 euros bruts annuels. Enfin, sans surprise, la part de cadres parmi ces jeunes en emploi est nettement plus faible que parmi les diplômés de niveau Bac+5 ou plus en emploi : 9 %. « Si un diplôme de niveau Bac+3/4 est la garantie d’une insertion rapide, il ne permet pas d’accéder aisément au statut de cadre », constate l'Apec.

48 000 jeunes diplômés cadres recrutés en 2021

Tout comme le marché de l’emploi global, le marché de l’emploi cadre redémarre progressivement. Menée annuellement auprès de 8 000 entreprises, l’étude Apec axée sur les recrutements de cadres en 2021 révèle, quant à elle, le nombre de recrutements de cadres en CDI et CDD d’un an et plus réalisés par les entreprises en 2021.

Au total, 269 100 cadres ont été recrutés en 2021 (+18 % par rapport à 2020) et pas moins de 63 500 postes cadres ont été créés. Un chiffre en hausse par rapport à 2020 (37 100 postes créés). Malgré ces résultats prometteurs, le nombre de recrutement de cadres en 2021 reste en recul par rapport au volume record de 2019 (-4 %).

Si toutes les régions métropolitaines ont davantage recruté de cadres en 2021, certaines d’entre elles en ont attiré massivement. C’est, par exemple, le cas de la région Île-de-France qui a embauché pas moins de 128 420 cadres en 2021. Cela représente près de la moitié des embauches de cadres de l’année. La région Auvergne-Rhône-Alpes n’est pas en reste. Elle cumule 28 520 embauches de cadres en 2021 (+11 % par rapport à 2020). 16 190 emplois cadres ont également été pourvus en 2021 dans la région des Hauts-de-France.

Enfin, les jeunes diplômés ont été particulièrement recherchés en 2021. En effet, 48 000 jeunes diplômés de moins d’un an d’expérience ont été embauchés au cours de l’année 2021 (contre 35 200 en 2020, mais 47 300 en 2019). Près de 2 recrutements de cadres sur 10 concernaient des profils débutants.

©jacoblund

* Enquête réalisée auprès de 760 jeunes diplômé(e)s de niveau Bac+5 et plus ainsi que 470 jeunes diplômé(e)s de niveau Bac+3/4, âgé(e)s de 20 à 30 ans au moment de l’étude, ayant obtenu leur diplôme en 2020 et résidant en France métropolitaine. Questionné(e)s du 3 janvier au 4 février 2022, les jeunes diplômés ont fourni leurs réponses via les réseaux sociaux.

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