Transport / logistique : « Les emplois logistiques ont plus souffert que ceux du transport »

La crise a fait beaucoup de remous dans le secteur du transport et de la logistique. Les recrutements ont diminué depuis fin 2008. Mais le pire semble être passé. Plusieurs facteurs indiquent que la situation de l'emploi est en voie d'amélioration. Entretien avec Jean-André Lasserre, directeur des études à l'AFT-IFTIM.

Comment le secteur fait face à la crise ?
Le secteur a été touché inégalement. Les emplois logistiques ont plus souffert que ceux du transport. Les entreprises (et particulièrement les opérateurs logistiques) ont, pour la plupart, été amenées à procéder à des ajustements très forts. Certaines entreprises ont revu leurs effectifs à la baisse, d'autres n'ont pas remplacé les salariés qui partaient ou encore ont gelé les recrutements. Mais après un an de crise, on observe aujourd'hui un frémissement. Il semblerait que le secteur soit entré dans une période de convalescence. Il y a un léger mieux perceptible depuis le mois d'août. Ainsi des jeunes sortants de formations diplômantes transport-logistiques qui éprouvaient quelques difficultés pour trouver des emplois en juin ont été depuis recrutés dans des entreprises et il y a un peu plus de demandes au niveau de l'apprentissage. A ce stade l'un des enjeux va résider dans la préparation de la sortie de la crise dans un secteur vieillissant. Il faudra ainsi pallier les prochains départs en retraite et d'ailleurs certains employeurs commencent déjà à envisager un réajustement de leurs effectifs à la hausse, certes, prudente. Dans tous les cas de figure, quand la guérison sera complète, le marché de l'emploi sera très vite à nouveau en mouvement compte tenu de l'extrême sensibilité du secteur transport-logistique à l'évolution de la conjoncture.

Certains métiers résistent-ils mieux que d'autres ?
Il n'y a pas un profil plus recherché qu'un autre. Globalement, on peut tout de même dire que les profils opérationnels s'en tirent mieux que les profils fonctionnels, de la même manière que l'on va privilégier quelqu'un qui a de l'expérience par rapport à un jeune sortant de formation. Quand une entreprise recrute, elle table sur les fonctions d'exploitation et commerciales. Les cadres experts qui interviennent dans l'optimisation et la réorganisation (chargés de système d'information logistique, chargés de projets, ingénieurs logistique...) sont toujours courtisés, par exemple.

Faut-il alors attendre la reprise pour se lancer dans le marché de l'emploi ?
Cette question mérite réflexion. Cela peut être une bonne chose pour ceux qui ne sont pas encore sortis du système scolaire. Si l'occasion se présente, il n'est pas inutile de se doter de nouveaux atouts durant cette période transitoire. Pour autant, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de recrutement. Le plus dur semble être passé mais la situation devrait s'améliorer dans les mois qui viennent.

Des conseils à donner ?
Il ne faut pas renoncer même si les refus se succèdent. Il faut persévérer. Le secteur couvre de nombreux domaines et les emplois se situent partout en France. Il faut donc voir large et ne pas se cantonner à un seul bassin d'emploi. Le secteur recrutait traditionnellement, il devrait renouer avec cette situation prochainement.

Propos recueillis par Rachida Soussi