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Jeunes diplômés 2020 : « Il y a des offres d’emploi et des entretiens, il faut persévérer ! »

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Alors que les indicateurs étaient au vert en début d’année, les jeunes diplômés sont touchés de plein fouet par la crise sanitaire et économique liée à l’épidémie du Covid-19. Nafissa Hadji, consultante à l’Apec Paris La-Défense, revient sur les conséquences de cette crise sur l’emploi des jeunes cadres et les aides proposées par l'Apec pour faciliter la recherche d'emploi.


Quelles sont les conséquences de la crise du Covid-19 sur l'insertion des jeunes diplômés ?

Avant la crise, notre enquête annuelle faisait état d’un marché de l’emploi cadre très dynamique, avec des prévisions d’embauche atteignant 297 000 embauches en 2020. Les jeunes diplômés devaient également profiter de cette dynamique, avec 50 000 embauches prévues, notamment dans des secteurs phares comme l’informatique, l’ingénierie et R&D, le conseil et gestion des entreprises. Certains secteurs en tension éprouvaient même des difficultés de recrutement. Cependant, dès le confinement, nous avons constaté une chute de 62 % du volume d’offres d’emploi ouvertes aux jeunes diplômés (entre mars et avril 2020). On note une baisse de 69 % pour les offres ouvertes aux jeunes diplômés pour le mois d’avril 2020 par rapport à avril 2019. Traditionnellement, les jeunes représentent une cible davantage touchée en temps de crise.

Les promotions 2017 et 2018 ont connu une bonne insertion professionnelle selon le baromètre annuel d’insertion de l’Apec. Que peut-on espérer pour les promotions 2019 et 2020 qui sont ou vont rentrer sur le marché du travail ?    

Les résultats de la dernière enquête d’insertion des jeunes diplômés sont bons : 85 % des jeunes diplômés Bac+5 en 2018 sont en emploi un an après l’obtention de leur diplôme et globalement leur rémunération est supérieure à celle de la précédente promotion. Toutefois, on relève également dans cette étude quelques faiblesses, comme une légère hausse du nombre de CDD et du temps partiel. De plus, 20 % des jeunes diplômés sondés considéraient leur emploi comme un « job alimentaire » au moment de l’enquête. Au vu de la crise inédite que nous traversons actuellement, il est possible que ces fragilités s’accentuent pour les promotions 2019 et 2020. Il est encore trop tôt pour se prononcer mais il est probable que leurs conditions d’emploi connaissent plus de précarité. La crise pourrait accentuer les inégalités déjà constatées entre les filières techniques et les filières littéraires (lettres, langues, arts, communication…), d’une part. Pour autant, des opportunités se créent, d’autre part. La crise a fait naître de nouveaux besoins ou accentue une demande déjà présente. Le télétravail, la reprise de l’activité dans de bonnes conditions sanitaires, la digitalisation partielle ou généralisée des processus de recrutement, les changements organisationnels du travail ont été autant de leviers du recrutement ces dernières semaines. Des entreprises recrutent notamment dans l’informatique, la cybersécurité, les moyens généraux. Et les jeunes ont leur place à prendre. Par ailleurs, les cadres expérimentés risquent, par sécurité, d’être moins mobiles dans les prochains mois. Les recruteurs pourraient probablement ouvrir davantage de postes aux jeunes diplômés. Bien que moins expérimentés, ils sauront facilement s’adapter à la digitalisation des processus et aux nouvelles formes de travail.

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Comment se distinguer dans ce contexte si particulier ? Comment approcher les entreprises qui recrutent ?

Pour trouver un premier emploi, il ne faut pas se contenter de répondre aux offres. Cela était déjà valable avant la crise, et cela l’est encore plus aujourd’hui. Il faut adopter une recherche multicanale, envoyer des candidatures spontanées, développer son réseau et se renseigner sur les entreprises, leurs activités et leurs besoins sur les réseaux sociaux notamment.

Nombreux sont les jeunes qui ont profité du confinement pour se former, développer des compétences, connaître leurs forces, leurs compétences transférables dans de nombreux domaines. Il faut valoriser ce temps mis à profit dans sa candidature. Il est important d’avoir confiance en soi et ses capacités. Il faut être à l’écoute du marché et travailler son discours en ce sens pour qu’il soit accrocheur. La force mentale sera leur principal atout en temps de crise : il y a des offres, il y a des entretiens d’embauche, il faut donc continuer ses recherches et persévérer !

Quelles sont les aides proposées par l'Apec pour accompagner les jeunes dans cette crise et les aider à s'insérer ?

L’Apec accompagne de manière personnalisée tous les jeunes diplômés Bac+3 à Bac+5 et plus (doctorants). Pour les aider dans leur recherche, nous proposons différents services comme « Clé d’emploi » qui permet à un jeune d’être accompagné individuellement dans sa recherche, ou encore nos ateliers « Premier emploi » durant lequel les participants échangent pendant 4 heures sur leurs difficultés, leur méthodologie de recherche, leurs bonnes pratiques, leur CV

Pendant le confinement, nous avons réalisé 100 % de nos services en ligne grâce à une digitalisation déjà très répandue de nos méthodes d’accompagnement. Il était capital de rester en contact avec eux particulièrement dans ce contexte de crise. Les ateliers collectifs se sont également réalisés à distance et reprendront progressivement en présentiel après la phase 3 du déconfinement. Mais de façon plus large, les jeunes candidats peuvent profiter de l’ensemble des services proposés aux cadres.

Propos recueillis par Rachida Soussi

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