Faute de trouver un travail en France, 1,5 million de Français ont choisi l’expatriation. Ce chiffre ne reflète que le nombre d’inscrits sur les registres des consulats, démarche non obligatoire que beaucoup n‘accomplissent pas. Ils seraient en réalité 2 millions à vivre hors de France. Ce nombre grossit d’année en année, de 3 % en moyenne. Mais avant de mettre le cap sur l’international, chacun doit s’interroger sur ses motivations réelles et considérer tous les éléments susceptibles de conforter cette démarche. Il faut se poser les bonnes questions : pourquoi part-on ? Que va-t-on chercher à l’étranger ? Comment va-t-on valoriser cette nouvelle expérience ? Quels sont les moyens financiers dont on dispose ? Quels vont être les frais engendrés sur place (protection sociale…) ?
Plus de neuf expatriés sur dix reconnaissent que l’expatriation représente une occasion de progresser professionnellement (enquête Berlitz Consulting). L’expatriation, vous pouvez l’envisager seul si vous êtes à la recherche d’un emploi, ou avec l’aide de votre entreprise si vous êtes déjà en poste. « Près de deux entreprises sur trois prévoient une augmentation du nombre de leurs expatriés au cours des trois prochaines années », note une étude réalisée par le cabinet de conseil spécialisé ECA International en 2012. Cette enquête révèle également une tendance à la multiplication du nombre de missions au cours d’une même carrière. Ainsi, 42 % des entreprises « pensent qu’à l’avenir, plusieurs missions seront proposées aux candidats à l’expatriation », contre 32 % seulement qui pensent qu’une seule mission à l’étranger restera la norme.
Paradoxalement, 80 % des entreprises interrogées estiment qu’il est difficile d’expatrier des personnes compétentes : « La recherche de talents qualifiés et capables de s’adapter à des environnements de travail et des cultures différentes restent le principal défi pour les entreprises ». Les trois principaux freins à la mobilité internationale sont les évolutions de carrière, le métier du conjoint ou les études des enfants. Mais ces barrières, qu’elles soient familiales ou culturelles, impactent moins les profils juniors pour lesquels enchaîner plusieurs missions n’est pas un souci. Outre l’expérience internationale, les conditions financières favorables sont un élément de motivation. On estime qu’en moyenne les salaires annuels bruts sont plus élevés d’environ 12 % à l’étranger, avec en plus de nombreux avantages (prise en charge du logement, des frais de santé, d’un certain nombre de billets d’avion aller-retour) et primes.
Lorsque l’on part à l’étranger pour le compte d’une entreprise, il existe deux statuts possibles : être détaché par une entreprise française à l’étranger ou être expatrié. Pour le statut de « détaché », un avenant est généralement fait au contrat de travail initial, valable le temps du séjour. Le statut d’expatrié est quant à lui appliqué pour des séjours plus longs (supérieur à deux ans).
Pour ceux qui partent par leurs propres moyens, le recrutement peut se faire directement sur place : il s’agit alors d’un contrat local. Mais attention, qui dit contrat local, dit aussi droit du travail, droit de séjour et rémunération locaux.
Une expérience internationale peut apporter beaucoup : « Dans un pays anglo-saxon, lorsque vous rentrez de mission, vous êtes « riche » de quelque chose et on vous proposera un poste à la hauteur de cette nouvelle expérience », constate Sandrine Meyfret, directrice associée du cabinet Alomey et sociologue. « A l’inverse, en France, lorsque vous revenez après quelques années à l’étranger, on considère parfois que vous avez « raté » quelque chose…» Fort heureusement, certains recruteurs savent reconnaître les atouts d’un candidat qui a bougé. Outre les compétences linguistiques, le fait d’être parti témoigne d’une certaine curiosité et d’une ouverture d’esprit. Attention toutefois à ce que la mission que l’on vous propose à l’étranger soit réellement intéressante : l’un des écueils majeurs est de choisir un pays pour son côté « glamour » au détriment du poste proposé. Et là, gare au retour !
Christina Gierse
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