Les femmes manquent toujours à l'appel dans de nombreux secteurs et métiers. Elles s’orientent difficilement vers des secteurs encore perçus comme plus « masculins » tels que l’industrie, le digital, la politique ou encore le BTP.
Bien que les femmes étaient en 2015-2016 bien plus présentes à l’université (56,8 % contre 43,2 %) et que leur espérance de vie était bien plus longue (85,4 ans contre 79,3 ans), elles restent soumises aux temps partiel subi, à des rémunérations plus basses et au chômage selon l’Observatoire des inégalités. En réaction, les démarches pour favoriser l’insertion professionnelle des femmes se développent peu à peu en France. La SMEREP, centre de sécurité sociale étudiant et mutuelle, vient de lancer cette année Le Réseau pour Elles (LRE). Ce nouveau réseau gratuit est ouvert à toutes les étudiantes, peu importe leur formation, leur milieu social ou leurs projets de carrière. La SMEREP souhaite ainsi permettre aux étudiantes de développer leurs connaissances et capacités en offrant des ateliers de prise de parole, de préparations de dossier de candidature ainsi que d’entretiens. Des ateliers spécialisés dans la prise de parole ou encore la confiance en soi permettent également d’inciter les femmes à s’approprier l’espace social et professionnel.
Pour Colas, spécialisé dans la construction de routes, les freins à la parité sont similaires. « Le groupe Colas compte aujourd’hui 21 % de femmes dans l’encadrement au niveau mondial, informe Pascale Zurcher, manager Diversité et Communication RH chez Colas. On les trouve essentiellement dans des fonctions administratives, parfois très liées au business, à des postes d’ingénieur études ou de chef de projet. Mais il est à noter qu’elles sont de plus en plus nombreuses dans le management opérationnel et nous nous en réjouissons ! ». Le groupe souhaite embaucher 2 500 collaborateurs en 2017.
A LIRE AUSSI >> Près de 2 millions de projets de recrutement pour 2017
Les jeunes femmes sont généralement invitées à s’orienter vers des filières et professions dites « féminines » et à éviter les secteurs plus techniques tels que le numérique, l’industrie, le routier ou encore le BTP. Selon l’étude internationale sur la place des femmes dans les carrières scientifiques de la Fondation l’Oréal #changethenumbers, près de 67 % des Européens pensaient encore en 2015 que les femmes étaient dénuées par essence des qualités et capacités requises pour prétendre à des postes scientifiques de haut niveau. « Traditionnellement, certains métiers gardent une image féminine ou masculine, confirme Pascale Zurcher de Colas. Les filles sont moins nombreuses que les garçons dans les formations d’ingénieurs (20 à 25 %), et celles qui choisissent ces cursus ne se tournent pas spontanément vers les métiers de la route mais uniquement par méconnaissance ». Ces stéréotypes professionnels sont également dénués de sens et de logique.
Dans le secteur numérique, les femmes ne composent que 28 % des effectifs. Si elles sont plus souvent présentes dans des fonctions support : marketing, communication, commercial, elles sont en revanche sous-représentées dans les métiers techniques (16 %). Dans le but d'inverser la tendance, l’Education nationale, des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes ainsi que le secrétariat d’État chargé du Numérique et de l’Innovation ont signé en début d’année 2017 un plan pour la mixité des métiers du numérique. L'objectif : activer différents leviers pour promouvoir la mixité, en agissant sur la représentation des métiers dans l’opinion publique, l’orientation des élèves, les réorientations professionnelles, les recrutements et les formations.
Dans le secteur de l’industrie, les femmes sont présentes aux différentes étapes de production. Pourtant elles s’inscrivent souvent dans des postes perçus comme plus féminins : contrôle de qualité des produits, communication, marketing ou finance. Les entreprises cherchent de plus en plus à attirer les jeunes diplômés et à pousser les profils féminins à envisager le secteur comme une possibilité d’avenir. D'ailleurs, chez Thales, les opportunités sont nombreuses pour les hommes et les femmes : le Groupe recrute sur ses 70 sites en France et dans 56 pays ce qui permet aux collaborateurs de profiter d’opportunités de mobilité partout dans le monde. En France, le Groupe prévoit de recruter 2 000 CDI, 1 800 alternants, 2 000 stagiaires, 200 doctorants et 100 VIE en 2017.
Colas s’inscrit également depuis plusieurs années dans une volonté de partage des expériences et des parcours avec les jeunes étudiantes. Des événements et prix tels que Le Trophée des Femmes de l’ESTP a ainsi permis à Colas de mettre en lumière le parcours de ses collaboratrices (Isabelle Tanière et Stéphanie Minnebois). De son côté, l’association Elles bougent invite également les étudiantes de filières scientifiques et techniques à visiter des grandes entreprises engagées. Ces jeunes femmes, dans le cadre du dispositif Olympe, rencontrent également des femmes professionnels de l’énergie, l’environnement, l’aéronautique ou encore les transports. « Si les jeunes femmes s’intéressent à nos métiers, elles découvriront un univers de la route bien plus attirant qu’il n’y parait ! », assure Pascale Zurcher avant de conclure : « Plus nous aurons de femmes dans nos métiers, plus elles prendront leur place dans la construction des villes de demain et cela nous semble essentiel ».
Sarah Makdad
A LIRE AUSSI >> L'insertion des jeunes diplômés s'améliore !
Vous avez intégré ou intégrez bientôt le marché du travail ? Connaissez-vous le principe du mentoring ? Catherine Thibaux, coach certifiée de la SF Coach, fondatrice d’InterVenir Consulting et auteure de « Les clefs d’un mentoring réussi », aux éditions StudyramaPro, explique pourquoi le mentoring peut aider un jeune diplômé à s’intégrer et progresser dans sa vie professionnelle.